C’est à l’occasion d’un workshop sur le thème de l’entrepreneuriat au féminin que j’ai rencontré Eloise. Petit bout de femme de 24 ans qui a déjà l’âme d’une working girl et l’attitude d’une girlboss. Ne vous fiez pas à ses longs ongles parfaitement manucurés et à sa jolie robe verte estivale, avec Eloise on n’a pas discuté vernis, bijoux et make-up non. On a discuté « lustrage », «détailling automobile », « pare-chocs » et « carrosserie ». Eloise Fasquelle est la créatrice et dirigeante de la société Céramik’Car, un atelier spécialisé dans la préparation automobile. Professionnels, particuliers ou encore concessionnaires lui déposent leur joli bolide et elle les chouchoute du pneu à l’antenne.
24 ans, et déjà mille vies !
Un BAC S obtenu à 17 ans. Un DUT Génie Electrique et Informatique Industrielle spécialisation automatisme en contrat d’apprentissage chez Orange. Suite à ça, elle se fait repérer et contacter par un centre d’essai automobile qui lui propose un CDI de technicienne automobile. Mais ça ne s’arrête pas là. Heures supplémentaires à gogo, sentiment d’exploitation et charge de travail importante à cause d’un sous-effectif. A 19 ans, c’est trop. Une première remise en question et c’est au détour d’une discussion avec son père que la solution apparue : « et si on bossait en famille ? »
Papa, artisan et électricien à son compte y voit une belle opportunité pour permettre de faire perdurer son entreprise. Eloïse lui succèdera ! C’est parti pour les chantiers et les démarches administratives pour le projet de reprise.
Sauf que tout ne se passe pas comme prévu.
Un accident sportif mal soigné qui donnera lieu à des séquelles physiques et c’est la douche froide, la médecine du travail a tranché : « Mademoiselle Fasquelle, le bâtiment, c’est terminé pour vous.»
Deuxième remise en question mais aussi nouvelle opportunité ! Elle se fait embaucher chez un fournisseur de matériel électrique (pour rester dans le thème). La seule condition étant de reprendre une licence pour pouvoir être embauchée en alternance. Pas de problème pour Eloise. Elle se donne à 100% dans ce job. Remplacement dans les autres magasins, astreinte, motivation au max et efficacité reconnue. C’est donc le moment de parler évolution de poste, embauche ? Mais malheureusement elle se heurte à un mur. Une fois, deux fois, trois fois… quatre fois ? c’est trop.
Elle en a assez de ne pas pouvoir évoluer ou être embauchée dans des postes à responsabilités à cause de son jeune âge. Ce n’est pas juste, car elle a bossé pour y arriver.
C’est là que la petite ampoule s’alluma dans sa tête : « J’étais déjà passionnée d’automobile, je gravitais dans ce milieu depuis un moment, mon copain aussi. Je faisais également des petits travaux de lustrage pour les amis et la famille, je suis donc allée voir sur mon compte CPF, celui-ci me permettait d’avoir la formation et l’agrément pour la pose de céramique. Je me suis donc dis qu’après ça, je pourrais me lancer à mon compte.. et puis.. on verra ! »
Quelques mois de démarches administratives, le local adéquat à 500 mètres de chez elle dans un hôtel d’entreprises et c’est parti pour la grande aventure Ceramik’ Car.
C’est donc assez naturellement que l’idée de l’entrepreneuriat s’est dessiné.
Evidemment, l’appréhension et le questionnement ne l’ont pas quitté mais Eloise, fille unique, a été éduquée par des parents qui l’ont toujours boostée. Mon père m’a toujours dit « si tu veux quelque chose, alors donne toi les moyens pour l’avoir ».
Certes, quelques personnes de son entourage ont tenté de la freiner. Non pas par frustration ou par jalousie mais par peur pour elle. Malgré tout, ça n’a pas empêché Eloise de se lancer.
Des craintes ? Bien sûr qu’elle en a. « Ma plus grande appréhension c’est de ne pas m’y retrouver financièrement, mais ce qui me rassure c’est de voir que j’ai du travail, qu’il y a de la demande. Une chose est sûre, je fais un métier que j’aime, je suis épanouie, j’ai la chance de pouvoir dire que je vis de ma passion et ça, ça n’a pas de prix. »
Ce qui l’anime aujourd’hui, c’est la satisfaction client. Grande passionnée automobile depuis des années, elle a à cœur de transmettre cette passion dans son travail. Alors quand les clients viennent récupérer leurs autos chouchoutées, bichonnées, lustrées et que les petites étoiles dans les yeux apparaissent, c’est là sa meilleure rémunération.
Et ce qui est chouette avec Eloise, c’est qu’elle prendra autant plaisir à préparer une petite Twingo qu’une grosse Cadillac.
Et dans 10 ans ?
On est d’accord pour dire que ce qui caractérise Eloise c’est son enthousiasme, son optimisme et surtout sa détermination.
Alors quand je lui ai demandé où en serait Céramik’Car dans 10 ans, c’était déjà tout vu : « j’aimerais avoir investi dans mon propre local, avoir un grand atelier qui me ressemble. Continuer à développer l’entreprise ici, dans mon secteur, avoir mes clients fidèles et des nouveaux. Je tiens à garder cet aspect féminin qui me caractérise car j’ai parfois l’impression que ça permet aux hommes d’assumer leur côté soigné et tatillon qu’ils ont avec leurs autos. Avec moi ils se disent qu’ils n’ont pas besoin de faire de chichi et surtout que je les comprends. J’aimerais également pouvoir créer une vraie communauté de passionnés. Que mon atelier soit un point de ralliement, un endroit où on se retrouve pour échanger autour de notre passion commune. Et l’un de mes plus grands souhaits serait de pouvoir à terme, faire de la revente de véhicules d’occasion. »
Et quand je vous dis qu’Eloise est déterminée et passionnée, ça va jusqu’aux détails de sa carte de visite. « J’ai toujours rêvé de pouvoir investir dans une Mitshubishi Evo 10, alors pour ne pas perdre de vue mon objectif, j’ai décidé de la mettre dans ma carte de visite, comme ça je sais que si je fais tout ça, c’est aussi pour pouvoir un jour accomplir ce rêve ».
Sa page Facebook : Ceramik’Car
Sa page Instagram : Ceramik’Car
Ses coordonnées : ceramikcar@gmail.com / 07 49 53 59 03