Maman stylée, entrepreneure motivée et coiffeuse de talent. Trois casquettes qui représentent parfaitement Charlotte Maquenhem. Jeune femme de trente ans, fondatrice du salon privé « Chez Cha’ Coiffure ».
C’est confortablement installé dans les fauteuils de son salon situé dans le Marais Audomarois que « Cha » m’a raconté son parcours.
Toujours se fier à son instinct
« Depuis toute petite, je sais que je veux être coiffeuse ».
Mais l’idée restera enfouie dans sa tête.
Au moment de choisir son parcours d’études, elle privilégiera un BAC qui lie l’artistique et le scolaire pour pouvoir devenir décoratrice d’intérieur. Seulement, difficile de se motiver car le cursus n’est pas assez manuel, pas assez de pratique. Juste de la théorie.
Après un examen passé à la va-vite et sans grande ambition, il fallût se poser la question de la suite.
« J’ai expliqué à mes parents que j’aimerais vraiment me lancer dans la coiffure. Et je me souviens que la coiffeuse de mon père m’avait demandé : « Est-ce que tu aimes coiffer ou est ce que tu aimes te coiffer ? » Ce sont effectivement deux choses différentes. Mais j’avais la réponse. »
Une fois les parents convaincus, il fallait trouver le bon cursus. Agée de 17 ans, il n’est plus possible de se lancer dans le parcours classique. Elle réalisera donc un CAP en alternance.
Elle s’inscrira à l’école privée Jean Pierre Gournay de Boulogne sur Mer. Puis, elle effectuera son alternance dans le salon de Michèle Andrieu à Saint Omer. Elle finira par obtenir son CAP et son brevet professionnel. Beaucoup de rencontres, une forte relation qui nait entre la gérante du salon et Charlotte… En bref, elle sait qu’elle a fait le bon choix.
La persévérance qui fait la différence
Boostée par sa responsable, elle enchaînera avec un brevet de maîtrise. Seulement, elle gravitera dans un milieu scolaire très négatif. Ses professeurs ne sont pas très encourageants et la classe n’est pas très soudée. Cela a été difficile de se motiver. Mais il était impossible pour Charlotte de ne pas y arriver.
« Ce n’était pas possible pour moi de me dire que j’avais travaillé tout ce temps pour rien. J’avais demandé à des ami(e)s de laisser pousser leurs cheveux pendant deux ans pour être modèles lors de mon examen. Je ne pouvais pas avoir fait tout ça pour que l’on m’annonce que je n’ai pas ce brevet. »
Elle mettra donc de côté le pessimisme de ses professeurs et le manque de motivation de ses camarades pour se concentrer sur elle. « Je me suis mise dans ma petite bulle, et au final, ça a payé. J’ai validé l’ensemble des modules, j’avais mon brevet en poche. »
Elle se distinguera même en étant la seule élève du Nord Pas-de-Calais à y arriver. Ce qui lui vaudra un article dans le journal local : L’Indépendant.
Coiffure, travaux et couches-culottes
Après l’obtention de son diplôme, Charlotte sera embauchée dans le salon de Michèle Andrieu. Elle aura ensuite le bonheur de fonder sa famille avec l’arrivée de ses deux jolies petites filles. Jeanne et Capucine. Elle jonglera donc entre sa vie de maman, son job de coiffeuse et les travaux de sa maison, achetée dans le Marais Audomarois.
Elle restera salariée du salon jusqu’à la retraite de la gérante. Mais il n’a jamais été question pour Charlotte de prendre la succession. « J’ai toujours prévenu ma patronne que je ne reprendrais pas son salon. Ce n’est pas moi, ce n’est pas mon âme. Si je pars, ce sera pour un espace qui me ressemble. »
Un confinement favorable
Puis, le COVID et son confinement sont arrivés. Le fait d’être chez elle, entourée de sa famille ne lui déplaisait pas. C’est en retournant au travail, contrainte par tout le protocole sanitaire et cette nouvelle ambiance pesante qu’une idée a refait surface. « Je me souviens, j’étais en train de coiffer et je me disais que je n’étais pas si mal chez moi. J’étais bien dans mon environnement, dans mon cocon. Pourquoi je ne m’y installerai pas pour y travailler ? »
Cette idée avait déjà pris place dans son esprit depuis quelques années. Mais l’arrivée des enfants et un conjoint qui se lançait dans l’entreprenariat ne lui permettait pas de la concrétiser. Il fallait être logique et raisonnable. Son tour viendrait.
Un troisième bébé
Quelques jours avant le printemps, le 1er mars 2021 exactement, Charlotte concrétisera son projet. Elle aménagera une pièce de sa maison à Saint Omer pour y créer son espace de coiffure. Un salon privé où elle peut recevoir ses clientes, les chouchouter, les coiffer et papoter. Tout en étant dans son cocon.
Elle s’y sent bien. « Je savais que si je m’engageais en tant que salariée dans un autre salon, je ne retrouverais jamais le lien spécial qu’il y avait entre Michèle et moi. J’avais également des enfants en bas âge, je voulais profiter d’eux et les voir grandir sans oublier mon rêve. »
9 mois se seront écoulés entre sa décision de quitter son poste et l’ouverture de son salon. Le même timing que pour faire un bébé.
Et quel beau bébé ! Un salon à son image, original, coloré et plein de déco (fait maison pour la plupart). On retrouve sa personnalité, son âme et son excentricité.
Coiffer avec passion
Charlotte fonctionne beaucoup au feeling dans son travail. Elle aime être sincère avec ses client(e)s. Elle conseille beaucoup et se permet de proposer ses idées. Son esprit créatif lui permet de ne pas se cantonner à ce qui se fait le plus. Plus c’est original, mieux c’est !
Sa plus grosse peur ? Décevoir ses clientes, ne pas répondre à leurs attentes. « Ma plus grosse crainte c’est qu’on sorte de mon salon en étant déçu. » Charlotte a le souci du détail et l’envie de bien faire. Après tout, s’occuper du style capillaire des gens n’est pas mince affaire. C’est d’abord visuel et artistique, mais pas que. On va chez le coiffeur pour prendre soin de soi, se faire plaisir, se détendre. « Mes cliente(e)s sont comme moi, ils/elles savent comment ça va se passer en venant ici. On se tutoie, on parle, beaucoup, parfois trop, surtout me concernant ! »
Un rôle de femme, parfois oublié
Elle se lève chaque matin avec entrain et plaisir. Ce projet lui aura apporté un gain de confiance. Plus de sérénité. Mais aussi, l’esprit d’entreprise et la fierté d’être son propre chef.
Charlotte se plait dans sa nouvelle vie de femme entrepreneure. Mais il reste compliqué et parfois difficile de tout combiner. La charge administrative, les enfants à gérer, les demandes de dernière minute… Il est difficile de dire non aux client(e)s fidèles. Elle se retrouve parfois à devoir remettre en cause des promesses faites aux enfants pour tenir des engagements professionnels. Alors parfois son corps lui dit stop, il lui rappelle qu’elle doit également prendre soin d’elle. « J’ai enchainé mes grossesses avec deux créations d’entreprise. Celle de mon conjoint et la mienne. Il reste difficile de jongler entre la charge de travail, ma vie de mère et celle de femme. Mais il faut que je sache m’écouter pour ne pas m’oublier. »
Rêver, de plus en plus grand
Quand je demande à Charlotte si après tout ça elle a d’autres ambitions professionnelles, la réponse se lit dans ses yeux. « Mon rêve le plus fou, ce serait de créer un lieu hybride qui reprend ma passion de la déco et mon métier dans un endroit qui me parle et qui fait écho à pleins de choses. » Elle m’explique qu’elle souhaiterait investir dans un immense hangar, dans lequel serait installée une serre en plein milieu. Elle aménagerait son salon de coiffure dans cette serre, et le reste du hangar serait dédié à la vente de décoration. « J’ai toujours rêvé de travailler dans une serre. C’est un lieu que j’adore et qui me parle beaucoup car mes parents sont horticulteurs. »
Un rêve plein d’originalité, à l’image de Charlotte.
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